dimanche 17 avril 2011
Sick Sad World
Samedi 16 avril j'attends mon train. J'ai un quart d'heure je prends un café à Pain & Soleil. On me le donne dans un gobelet en carton. C'est un emballage de qualité, le carton est recouvert d'un pelliculage satiné mat. Le contact avec la peau est velouté, la chaleur du liquide se transmet avec une douce tiédeur. L'arabica est assez soft, à bonne température. Une femme passe quelques mètres derrière moi, elle accoste les voyageurs en attente. Le gobelet qu'elle tend est complètement défoncé, le bord circulaire informe, les parois écrasées. Personne ne lui prête attention. Elle passe maintenant devant moi, à l'extérieur de la gare. Elle croise un type, amorce un geste machinal, à peine ébauché. Le bras retombe. Elle regarde autour d'elle. Son visage mat est creusé de fatigue. Des yeux noirs, une bouche et des sourcils forts, ses traits sont nettement marqués. Elle à la quarantaine. Sa longue chevelure noire en désordre est retenue en queue de cheval par un chou-chou, jaune fluo. Cet accessoire tranche avec le reste de sa personne comme un poussin dans un hachoir à viande. Elle porte une vieille veste en jean et un robe indienne brune crasseuses. Elle s'éloigne de l'autre côté du boulevard totalement résignée. Je me demande d'où elle vient, ou sont ses enfants ? Je me demande si elle bu le café que le gobelet avait accueilli.
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