Week-end sérigraphie ! Les moyens, pour artisanaux qu'ils soient donnent un résultat bluffant ! On est sur une qualité très honorables par rapport au dispositif. Les produits finis ressemblent à de la sérigraphie industrielle de bonne qualité. Même après lavages.
J'étais vraiment très excité de voir le résultat, d'autant plus que c'était une première pour moi. Il faut dire que mon mentor pour débutant qu'il soit avait très soigneusement ourdi son plan, et toutes les étapes se sont passées dans le timing prévu !
Petite explication des étapes de fabrication.
Première étape : préparation de l'écran
L'écran est ce qui va servir de support à l'impression. C'est une matrice au sens propre du terme, puisqu'il s'agit d'une trame de fil de soie (sérigraphie = silkscreen en anglais). Il existe différents types d'écrans, dont la trame est plus ou moins fine. Plus fine est la trame, plus fine sera l'impression. Ici nous sommes sur un écran standard. Il faut préparer son écran au moins 12 heures avant l'impression. Il s'agit d'enduire le plan d'un produit photo sensible sur les deux faces. Pour le coup l'écran à été enduit 2 fois de chaque côtés. Le produit va sécher et former une couche sur la toile. Plus la couche sera épaisse, plus il y aura de peinture retenu par l'écran. Il n'y a pas de règles, ceci se fait au feeling et en fonction du résultat souhaité.
Deuxième étape : insolation
Nous sommes donc au moins 12 heures après la première étape, il va s'agir de graver l'image destinée à être imprimée sur l'écran. Le dispositif est celui utilisé dans la photo argentique, nous allons projeter de la lumière sur le motif qui est posé sur l'écran. L'image sera donc gravée sur l'écran et laissera passer la peinture.
Sur le côté vous voyez l'image destinée à être imprimée. C'est un négatif, tout ce qui est noir sera imprimé, tout ce qui est "blanc" (en fait transparent) ne sera pas imprimé. Plus précisément, tout ce est noir sera un trou, tout ce qui est blanc sera bouché. Des zéros et des uns ! Les moyens sont toujours très modestes puisqu'il s'agit d'une impression laser sur papier calque.
Le dispositif d'insolation : le cadre est posé sur un support, sur celui-ci est posé l'image destinée à être imprimée. Notez la bande opaque au milieu. En fait le format de l'image est supérieure à un A4. Donc l'image est imprimée sur deux feuilles. Le fait de superposer deux calques n'a pas d'importance puisque la méthode d'impression ne gère pas l'opacité. Il faut juste veiller à ne pas superposer des points pour ne pas avoir d'effets visuels indésirables (chevauchement, impression de flou ou paquets de peinture). Au-dessus de l'écran et de l'image on place un vitre fermement maintenue par des pinces (important pour ne pas avoir d'ombres portées sur l'écran qui donnera des effets visuels indésirables). Mettez au feu 17 minutes minimum. Plus la couche de révélateur sera épaisse plus le temps d'exposition peut-être long. On peut tester l'exposition en cachant des parties de l'image avec un papier opaque comme en argentique. Les moyens sont aussi réduits : deux spots de chantier de 500 watts chacun.
L'écran est maintenant impressionné par le motif. L'étape suivante est le dégravage. Au début l'écran est comme vierge, rien ne laisse supposer que quelque chose est imprimé sur l'écran. Le dégravage se fait en projetant de l'eau sur l'écran. Toutes les parties qui ont été cuites par la lumière durcissent, tout. Ici un pomme de douche avec un débit assez fort est suffisant pour cette opération. Ainsi à la fin, l'écran sera toujours enduit du produit révélateur, seules les parties impressionnées seront des trous, laissant passer la peinture. Il y aurait sans doute pas mal à dire sur la technique d'impression en sérigraphie et sur son origine. Cela ressemble fortement à la technique du pochoir.
Une fois le dégravage terminé, on doit vérifier que tous les trous ont été correctement débouchés. Sur la photo, le créateur face à sa créature ! Si certains trous sont indésirables, on peut les boucher avec du scotch sans altérer le design.
Quatrième étape : l'impression !
Et voila, c'est l'étape de l'impression même ! Un petit point sur le matériel :
Donc un banc d'impression : la presse. Elle se compose d'une planche ou sera enfilé le textile à imprimer et d'un système pour insérer l'écran.
Il faut aussi : du scotch, du white spirit, de la colle repositionnable, de la peinture textile, une raclette pour étaler la peinture, un système pour cuire la peinture, un fer à repasser et... une pièce de 2 euros. Ah oui, aussi un gars pour faire l'impression (c'est le truc qui porte le pistolet à décoller). Encore une fois, les moyens sont à la portée de tous. Le coût global estimé est de environ 400 euros. Je passe rapidement sur les étapes d'installation de l'écran sur la presse, le calage du t-shirt, pour aller au principal : la technique d'impression.
Première étape : installez de la peinture sur l'écran. Celle-ci à été très légèrement diluée au white.
Deuxième étape : étaler la peinture sur l'écran. Appuyer assez fort sur la palette. Comme vous le voyez, le motif ressort bien sur l'écran. En fait les trous sont enduits de peinture. Nous allons passer à l'étape d'impression elle même. Notez bien la position de la palette. L'impression va se faire en poussant la palette. Visiblement c'est une technique est inusitée, mais redoutable pour l'impression de la couleur blanche.
La pièce de 2 euros !
Eh oui la pièce, à quoi sert-elle ? Est-ce une superstition du monde de la sérigraphie ? Un truc que tout le monde fait sans savoir pourquoi, ni sans y croire vraiment, mais-on-sait-jamais ? NON ! En fait l'écran et le textile ne doivent pas être en contact, et justement, on appelle ça le hors contact ! En fait c'est lors du passage de la raclette, et de la force qui va être appliquée, que la toile de l'écran et le textile entreront en contact.
Troisième étape : l'impression elle-même !
Remarquez la position de la raclette. Nous allons pousser la peinture sur l'écran. Cette technique pour imprimer du blanc sur du noir est donnée par Bill Hood (voir l'explication sur You Tube : http://www.youtube.com/watch?v=CtLvG0X3_JU)
Sur cette image, on voit que la passe est parfaite. Toute la peinture à été appliquée sur le textile en passant par les trous. Le surplus à été poussé par la raclette.
Cinquième étape : séchage
Avant de cuire la peinture pour fixer le motif sur le textile, ou avant de passer une deuxième couche de peinture, il faut sécher la peinture. Ici, économie de moyen oblige, cela se fait grâce à un outil de bricolage. Les sérigraphes utilisent du matériel comme des tunnels de séchage et des presses pour avoir un résultat uniforme. Mais ici, en prenant soin de ne pas oublier de surfaces le résultat est le même.
Sixième étape : la cuisson
Voila ! C'est terminé. 5 minutes de cuisson au fer à repasser sur du papier sulfurisé pour fixer la peinture au textile et votre t-shirt est terminé.
Remarquez la technique de fer à repasser assez inusitée !
Le test impitoyable !
Le moment fatidique, le test du stretching (extension). Si la peinture se remet en place, c'est qu'elle est parfaitement fixée au textile. Le motif ne bougera plus, sauf usure normale pour n'importe quelle impression !
Pourquoi ?
Pourquoi quoi ? Pourquoi un motif tramé ? Non, ce n'est pas une limite de la technique d'impression, mais un choix esthétique. Nous aurions pu choisir un motif en aplat, c'eût été d'ailleurs plus facile à traiter. Le choix d'un visuel tramé permet incidemment, d'obtenir des effets dynamiques dans le visuel (une sorte d'opacité) ! A cette distance les points tendent à se fondrent les uns aux autres pour donner une image proche de la photographie.
Sur ce gros plan le plus petits points font un dixième de millimètre ! Vous pouvez voir qu'avec du matériel d'amateur on arrive à un résultat d'une très bonne qualité. L'impression d'un t-shirt en deux couches (application de peinture, séchage et cuisson) prends environ 15 minutes. J'attends avec impatiente les prochains travaux !
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